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Rroms, Tsiganes, Gens du Voyage, de qui parle-t-on?

Il paraît important de nuancer l’image qu’ont beaucoup du peuple Tsigane comme d’une population homogène, afin de comprendre la multitude et la complexité des réalités que cela englobe. C’est ce que nous allons nous efforcer de faire sous l’éclairage de l’histoire. Aux origines, l’appellation « Tsigane » regroupe en son sein des personnes ayant une lointaine origine commune à savoir le Nord de l’Inde, qu’ils auraient quitté entre le VI° et le XI° siècle suite à la mort de leur Roi, pour rejoindre au XIII° siècle le sud des Balkans. C’est à ce moment-là que l’on estime qu’une scission entre différents groupe s’est effectuée. Faute de documents écrits l’attestant, la précision des faits et des dates énoncées diffèrent selon les sources. Il est également à noter que ces migrations furent lentes et progressives.

Un premier groupe, est appelé « Gitans » ou « Kalé » que l’on peut traduire par « les noirs ». Le terme employé renvoie à une lointaine origine grecque supposée des Tsiganes, d’une région anciennement appelée « la petite Egypte » (issu de l’espagnol « gitano » qui signifie « égyptien ») ce peuple aurait par la suite traversé le bassin méditerranéen pour rejoindre la Péninsule ibérique et la Catalogne vers le XIV° et le XV° siècle. Un second groupe de personnes est appelé « Manùs », « Sintì » (qui signifient « homme vrai »). Ils sont également regroupés sous des termes plus péjoratifs comme « Bohémiens » ou « Romanichels » attribués par les populations européennes. Ces derniers auraient rejoint l’Europe occidentale du nord : l’Allemagne, l’Autriche mais aussi l’Est de la France et la région italienne du Piémont. Enfin, les « Rroms » (pouvant être traduit par « homme marié ») représentent eux, 85% de la population tsigane et comptent aujourd’hui environ 8 millions d’individus qui se situent principalement dans les Balkans, en Europe centrale et orientale. Notons que ces trois différents groupes offrent une version simplifiée de la réalité et se déclinent en de nombreux sous-groupes (Yéniches, Gypsies…). D’une manière générale, chaque groupe et sous-groupes, se définissent selon trois principaux critères :

  • Le premier étant un territoire d’origine commun, en découlent des traditions culturelles et des appartenances religieuses spécifiques.
  • L’appartenance à un groupe dépend également d’un réseau élargi de parents interconnectés, présentant des liens de sang ou d’alliance. Cette communauté familiale représente le noyau de référence, la cellule de base de toute identité sociale. Le mariage représente alors un élément central de la vie sociale.
  • Les différents sous-groupes se sont également constitués, comme cela a pu être observé chez les Rroms, en fonction des métiers qu’ils embrassaient traditionnellement.

Depuis la création de l’Union Romani en 1971, le terme « Rrom », initialement utilisé dans les discours politiques, tend à se substituer à celui de « Tsigane », à présent d’avantage usité lorsque l’on évoque la culture qui y est associée. Cependant la plupart des personnes concernées ne se reconnaissent pas sous le terme « Rrom » et évoquent généralement, lorsqu’on les questionne sur leurs origines et appartenances, les villages, quartiers ou familles dont ils sont originaires.

« Si tu ne sais pas où tu vas, souviens toi d’où tu viens »
Proverbe Rrom

Carte des migrations

Carte des migrations

Les « Gens du voyage »

En France, la loi du 3 janvier 1969, augmentée par la loi Besson (5 juillet 2000) créent un statut administratif particulier : les « Gens du voyage » (le terme ne se décline étonnement pas au singulier). Il est accordé aux personnes résidant de façon permanente en « habitat mobile », ayant adopté un mode de vie itinérant, semi-itinérant ou exerçant des activités ambulantes. Le statut de « gens du voyage » n’est pas à mettre en lien avec un quelconque caractère ethnique. Cette particularité française porte souvent à confusion et nombreuses sont les personnes qui associent « Gens du voyage » et « Rroms ».Il y a 400 000 « gens du voyage » en France, et 15 000 Rroms. En effet, il n’est pas faux de dire qu’une partie de « Gens du voyages » ont des origines Tsiganes, ce sont essentiellement des Gitans d’Espagne et du Portugal mais aussi des Travellers tels que ceux résidant au Royaume-Uni. Etant installés en France depuis plusieurs générations, ces personnes ont accédé à la nationalité française, nécessaire à l’obtention du statut. Celui-ci est par ailleurs ouvert à n’importe quel citoyen français souhaitant adopter un mode de vie « nomade ».

C’est pourquoi une grande partie des Rroms migrants présents en France, venus d’Europe de l’Est et résidant pour la plupart en bidonville et dont nous allons parler, ne sont pas des « gens du voyage ». Ils ne disposent donc pas des mêmes droits comme l’accès aux aires de stationnement réservées, prévues par la loi Besson. Celles-ci sont également soumises à la possession d’un livret de circulation, preuve de leur statut. Ni une carte d’identité, ni un passeport, ce dernier doit pourtant être régulièrement soumis au contrôle des autorités de police, et permet également aux « gens du voyage » d’exercer leur droit de vote. Il est à noter que ces personnes de nationalité pourtant française ne voient leur droit de vote devenir effectif qu’après 3 ans de rattachement à une même commune, contre un délai de six semaines imposé à tout autre citoyen français.

La religion reste cependant un facteur de mobilité ponctuelle des communautés Tsiganes. Mobilité rythmée par les manifestations festives telles que celle des Saintes-Maries-de-la-Mer rassemblant de nombreux voyeurs, Gitans pour beaucoup. Si aujourd’hui, une approche «culturaliste » du Tsigane intrinsèquement nomade est encore défendue par certains, il est possible de nuancer ces propos.

En effet, depuis l’époque moderne plus de 80% des Rroms sont sédentaires. Le mode de vie nomade des « gens du voyage » ne concerne aujourd’hui qu’une minorité de la population Rrom.

Au regard de l’histoire, une thèse basée sur l’immigration forcée des Tsiganes, fuyant les guerres et victimes constantes de discriminations et de rejets est aujourd’hui avancée.

Tag(s) : #Comprendre
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